Freud, Liegestuhl (c) Musée de Vienne
Freud, Liegestuhl (c) Musée de Vienne
COMITE FREUD
COMITE FREUD

Actualités du monde & psychanalyse

Le cerveau et l'inconscient - Neurosciences et psychanalyse
Arlette Pellé Ed Armand Colin Mars 2015

D’un côté, les neurosciences et le cerveau, et, de l’autre, la psychana-lyse et le sujet. Deux disciplines, habituellement fermées l’une à l’autre, voire antagonistes, deux logiques qui s’affrontent, celle de la rationalité scientifique et celle des lois du langage, et deux visions de l’humain ?
Les réserves émises par les neuroscientifiques eux-mêmes quant à leurs avancées et leur reconnaissance de la complexité du cerveau pas-sent inaperçues car les effets d’annonce largement médiatisés de ces travaux font émerger la figure d’un humain « neuro-enchanté ». Ce scientisme exerce une telle fascination que l’inconscient freudien passe alors pour un obscurantisme.
Pourtant la science du cerveau (neurosciences) et la science du sujet (psychanalyse) ne peuvent pas s’ignorer. De Kandel à Damasio, de Edelman et Tononi à Naccache, la reconnaissance de l’oeuvre freu-dienne est unanime.
Les savoirs et les technologies peuvent-ils fabriquer un nouvel humain, ni homme ni machine, hybride de systèmes électroniques et de corps biologique ? L’expérience subjective, les faits psychiques sont-ils rapportables à l’activité cérébrale, à la vie de la matière ?
Cet ouvrage montre que la psychanalyse joue le rôle de limite à la tentative d’objectivation de l’humain mais que des chemins s’ouvrent pour trouver des connexions entre la science du cerveau et la science du sujet sans que l’un ou l’autre champ de savoir y perde sa spécificité.
Arlette Pellé, psychanalyste, exerce à Paris. Elle est membre de la Fondation Européenne pour la Psychana-lyse et a dirigé l’Association SAPP (Supervision et Analyse Psychanalytique des Pratiques Professionnelles). Elle a notamment publié L’inconscient est-il politiquement incorrect ? avec Isabelle Floc’h (Erès, 2008), et Ce que nous enseignent les ruptures majeures (L’Harmattan, 2011).

 

Congrès International Psychanalyse et éducation

13/14/15 Mars 2015

 

« La place du sujet dans l’éducation aujourd’hui »

O lugar do sujeito na educação hoje

 

De la pulsion épistémologique au désir de connaissance, la question du savoir reste un des actes majeurs de la théorie analytique. De façon indissociable, une hypothèse toujours centrale montre l’importance de la vie infantile et de l’éducation sur le devenir des enfants dont les adultes ont la charge.

Les grandes figures de la pédagogie moderne ont montré un intérêt pour l’enfant en tant que personne dans sa construction et dans ses choix. Au tournant du XIXe et du XXe siècle, l’enfant « arriéré » devient un enfant « éducable ». La pédagogie justifie la constitution des dispositifs. Une même lignée commence avec le docteur Itard pour être relayée par Edouard Seguin, et enfin repris par Montessori, Decroly et Freinet. Nous constatons que le mouvement part de l’éducation spécialisée jusqu’aux méthodes de l’ « Ecole Nouvelle » et s’adresse à l’école publique.

Bien qu’il s’agisse avant tout d’une praxis, la pédagogie est totalement liée à un courant idéologique (majoritaire ou non) dans la société dans laquelle elle évolue ; ce qu’occulte la définition en revanche, c’est toute la dimension de l’ « Idéal » qui accompagne les méthodes pédagogiques. Une histoire des origines liées à l’émergence de la notion d’inconscient est à rétablir aujourd’hui. Elle montre comment la psychanalyse ne cesse d’inventer pour agir sur le lien avec l’enfant.

Mélanie Klein séparant le monde des fantasmes de l’enfant (domaine de la cure) des apprentissages scolaires tandis qu’Anna Freud tente de réunir les deux dans une école « parfaite ». Cette différence de point de vue n’a pas pu empêcher qu’un lien irréversible s’établisse entre ces deux champs, lien qui ne cesse de se développer après-guerre avec la naissance des sciences de l’éducation (1967). Pourtant l’idée d’une éducation psychanalytique s’est toujours heurtée à deux écueils : celui d’une prévention contre une éventuelle névrose à venir chez l’adulte et celui d’une correction de l’influence pathologique de la famille et de l’environnement (le désir des parents étant considéré comme responsable), cf. discours de Genève de J. Lacan

L’alliance entre pédagogie et psychanalyse s’est particulièrement concrétisée autour de la notion d’échec scolaire. Ce combat ne peut se séparer de la naissance du mouvement des CMPP et CMP dont l’installation du premier en 1946 à Paris (F. Dolto, M. Mannoni, S. Lebovici…) jusqu’à aujourd’hui (a permis l’accueil des enfants et des adolescents présentant des troubles névrotiques, psychomoteurs et orthophoniques et ce de façon ambulatoire.

Les centres mélangent les personnels médicaux et les personnels de l’Education Nationale. Il était au départ utile de penser l’échec scolaire autrement qu’en termes d’un résultat du manque d’intelligence ou de bonne volonté du côté du mauvais élève. Et c’est ainsi que le psychanalyste était convoqué au chevet de l’enfant en échec pour présomption de troubles psychiques.

Mais peut-on éduquer un enfant à la vie ? Il convient de rétablir un écart entre la pédagogie et la psychanalyse de façon à éviter l’installation d’une philosophie du bien. Les courants psychanalytiques ont toujours refusé de réduire le sujet à sa réussite scolaire (l’échec

scolaire n’est pas un échec dans la vie) et à son déterminisme social (Bourdieu). En effet, pour tout sujet quel qu’il soit, sa construction s’élabore par l’interaction de facteurs divers et ceci dans un mouvement par étapes où la structuration des fonctions cognitives est inséparable du processus plus large d’organisation de la personne. Eduquer n’est pas conformer l’enfant à l’existant et ce n’est pas lui inculquer tous les savoirs du monde. Eduquer, c’est lui permettre d’ex-ister au sens de le tirer de la soumission d’un monde pulsionnel le faisant souffrir face à un réel sans recours pour entrer sur le chemin de la représentation et du sens de ses expériences subjectives…

Qu’en est-il de l’enfant aujourd’hui, les nouvelles formes de pédagogie éducatives réservent elles encore une place pour le sujet ? Nous tenterons lors de ces journées de faire le point sur ces différents courants et envisager si nous pensons pouvoir proposer de nouvelles perspectives.

 

Bulletin d'inscription à la conférence
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Programme
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Freud... Avec raison, évidemment !

 

Freud et l'actualité de ses raisons sont peut-être en réalité très éloignés d'une dogmatique d'avoir raison. Ce qui nous mettrait dans la logique catastrophique d'un Grand Autre bien encombrant, dont les dégâts, à cause de multiples certitudes sans doute trop partagées, somme toute historiquement bien trop présents et persistants.


Peut-être, aussi, la psychanalyse s'inscrivant contre toute « vision du monde » (« weltanschauung », en langue allemande), ou idéologie, faudrait-il lire « l'avenir d'une illusion », dans le sens de « l'Avenir de l'illusion », ce qui permettrait ne pas tenir la psychanalyse pour une « science des rêves ».


Je me suis souvent posé la question de savoir pourquoi Freud, dans l'ouverture de Totem et Tabou et Le retour infantile du totémisme, s’était si longuement interrogé sur les premiers habitants de l'Australie, dénommés par bévue « aborigènes » - mot que Freud n'utilise jamais.

Pourquoi s’être intéressé à leur façon si ingénieuse et logique d'éviter la parenté par « inceste » si j'ose dire, et pourquoi ne pas s'être occupé de leur façon plus mythologique et archéologique  du rêve : impensé de Freud ? Peut-être ! Avec raison, bien évidemment...

Nabile Farès

Restaurer l’écoute du monde

 

Débat autour de « Défendre la civilisation face à la mondialisation », essai d’Emile H.Malet

 

 

Le dimanche 11 janvier 2015,  la France et le monde se sont figés face à l’image d’une société unie effectuant un retour aux valeurs des Lumières sur les pavés de la place de la République. Avec la célébration des soixante dix ans de la libération des camps d’Auschwitz Birkenau, le monde contemporain se rappelle à ses propres limites, celles de ne plus laisser la haine surplomber l’égalité. Dans un tel contexte, comment ne pas en venir à la condamnation d’une modernité empreinte à l’accélération permanente de sa machine mondialisante ?

Comment remettre en lumière de si chères valeurs au sein de ce « capitalisme gris » que connaît le XXIème siècle ? Une problématique à laquelle se sont confrontés Messieurs Emile H.Malet et Cyril Roger-Lacan, lors d’un débat croisé, ouvert le mercredi 28 janvier 2015, par l’Association Lacanienne Internationale (ALI) et l’École Pratiques des hautes Études en Psychopathologies (EPhEP)

La direction de l’ALI, les psychanalystes Anne Videau et Claude Landman se firent maîtres d’orchestre d’une rencontre entre le discours de l’essai Défendre la civilisation face à la mondialisation,[1] et celui d’un entrepreneur émérite[2], ouvrant le débat sur la question essentielle de notre responsabilité citoyenne de résistance face aux violences du monde.

Ces agressivités sociales semblent être le reflet d’une économie sans valeur, voilà la vision de la société contemporaine d’Emile H.Malet : un monde apolaire, anomique et sans repères  qui sonne finalement la fin de l’économie politique pour sacrer une économie des jouissances. Avec ce nouveau système, nous rappelle l’auteur, il s’agit bien souvent d’égoïsmes et de jouissances consuméristes. Ce schéma de société, d’un genre nouveau,  parait désormais ancré, voire enlisé dans le marécage d’une économie psychique qui se serait affranchie de toute filiation anthropologique et d’où, par conséquent, l’altruisme serait absent. Avec son lot d’échecs et de violences, le système contemporain s’est finalement délesté de ses plus grands aspects sociaux et politiques pour ne servir que ses propres intérêts.

 

«  Les vices privés font les biens publics », énonçait l’adage de l’économie classique.[3] Les plus grands économistes n’avaient pourtant pas prévu les applications et désordres mondiaux à venir, clame Cyril-Roger Lacan. Le monde contemporain entre dans une nouvelle phase, clairon de la fin de l’économie politique en effet, au cœur d’un capitalisme globalisé impliquant l’individu, au quotidien. A travers une telle perspective pessimiste, une question rétroactive semble opportune : vivons-nous ce capitalisme au détriment des éthiques sur lesquelles se sont fondées nos démocraties ?

Cyril Roger-Lacan ou « l’entrepreneur écolo » tel qu’il se caractérise lui-même, trouve trois résultats à cette société globalisante :

  • Un recul du droit face aux diverses problématiques internationales s’est manifesté. Pourtant la gouvernance mondiale nécessiterait la subsistance d’une législation supra-internationale prenant conscience des proportions de responsabilités de chacune des nations.
  • La violence de l’ajustement des inégalités pèse lourd sur nos sociétés emprises à de nombreuses contradictions (sociales, financières, économique, de développement, etc).
  • Le monde connaît une catastrophe environnementale généralisée sans égal, résultat d’un capitalisme sauvage qui a fait naître des zones dénuées de tous droits universels (surpêche en haute mer, économie criminelle, etc).

 

Comment passer de la connaissance à l’action pour entreprendre une revisite des normes ? Nos deux conférenciers s’accordent à dire que face à une telle relation causale, le monde contemporain sait poser son regard mais le blocage radical de la société politique ne permet pas une mise en solution collective de ces larges problématiques. La maîtrise de la connaissance du monde vivant et de ses contingences devrait pourtant nous mener vers un autre échange avec le monde.

Comment instaurer une nouvelle intégrité ? Il est ici question d’un établissement – nous rappellent-ils, sur une note plus optimiste – celui d’une nouvelle économie politique qui reposerait sur les cultures et les civilisations, et qui restaurerait l’écoute des battements du monde.

 

 

[1] Emile H.Malet, Défendre la civilisation face à la mondialisation, Editions du moment.

[2] Monsieur Cyril Roger-Lacan, ancien élève de l’ENA et l’ENS, est désormais le Président-Directeur Général de l’entreprise Tilia GmbH et membre du Conseil d’Etat.

[3] Bernard Mandeville, The Fable of the Bees: or, Private Vices, Publick Benefits en anglais, 1714.

 

 

 

Les cycles d'Enseignement de l'A.L.I

 

Cet enseignement a pour spécificité de tenter une traversée des séminaires, d'ouvrir un espace commun autour d'un moment de l'histoire de la psychanalyse et de ses enjeux cliniques. La manière dont les problèmes surgissent, dans tel contexte, selon telle configuration, usant de tels signifiants, est une question qui concerne tous les enseignements. Ce cycle composera ainsi un parcours original (de dates et lieux changeants), assuré par différents intervenants qui présenteront un fragment de l'histoire d'une question psychanalytique (la direction de la cure, la pratique avec les enfants, etc.)


Agenda des rendez-vous « Enseignement » de l’ALI


- Samedi 15 mars 2015 - de 9 h 30 à 13 h 00 :

Roland Chemama et Christiane Lacôte-Destribats, « Questions cliniques. Position de l'analyste : Comment ne pas empêcher un analysant de faire son analyse ? »


- Samedi 29 mars 2015 - 12 h 00

Jean-Jacques Tyszler, « Lire Freud. Les grands cas cliniques de Freud et leur contexte social et cultureFreud avec Schreber dans l'orage de l'identité. »


- Mercredi 7 mai – de 14 h 30 à 16 h 00

Marcel Czermak, «  Y a-t-il une psychiatrie lacanienne ? »


- Mercredi 21 mai - de 14 h 30 à 16 h 00 

Françoise Gorog, « Lacan actuel »


- Mercredi 18 juin - de 14 h 30 à 16 h 00 

Charles Melman, « De quelques conséquences de la présentation clinique de Lacan à Sainte-Anne »


- Claude Landman et Jean-Jacques Tyszler interviendront (date à préciser), sur le thème Le débat autour de l'homme aux loups.

 


 

 

Civilisation & Psychanalyse en débat...

 

©François Goudier

« Une France mortifiée »

 

L'assassinat en masse de nos confrères de Charlie Hebdo et des policiers chargés de la surveillance sont une intimidation fatale contre l'impertinence du verbe et la liberté d'expression.


Retrouvez l'article d'Emile H.Malet publié par Le Télégramme.


Un cahier spécial Charlie Hebdo sera publié dans le n°182 de Passages

 

 

 

Dans un climat où le rapport à l’image s’exacerbe au point d’enclencher des conflits, Freud peut nous aider à prendre la mesure d’un tel malaise, à lutter contre le relativisme culturel et à prendre la parole afin de trouver un sens à ce qu’aujourd’hui, nous recevons comme insensé.

Afin de réfléchir à toutes ces questions, nous poursuivrons nos débats au sein du Comité Freud sur les nationalismes et les intégrismes.

L’heure est venue de passer à l’action, pour une reconnaissance internationale de l’œuvre de la psychanalyse et du soutien au Comité Freud…



Nos coordonnées

Comité FREUD
127, rue de Rennes

75006 Paris

Téléphone : 0143256257

Email : passages4@wanadoo.fr

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